Pour ma dernière chronique, je vous remercie chaleureusement de m’avoir suivie et vous propose de mettre en parallèle nos différents rapports à l’âge, depuis le constat d’un grand anthropologue jusqu’à nos contrées modernes.

Dans «Tristes Tropiques», Claude Lévi-Strauss nous apprend que les Nambikwara, un peuple du Mato Grosso, n’ont qu’un seul mot pour dire joli et jeune, et un autre pour dire laid et vieux. Leurs jugements esthétiques étant fondés sur les valeurs sexuelles, une séparation bien distincte range les petites filles, jeunes femmes et concubines du côté de la puissance, tandis que du côté du savoir et de l’expérience s’activent les mères et les femmes âgées.

Ah la sagesse des peuples dits primitifs! Ou constatation d’une évidence toute physiologique? Alors que dans toutes les sociétés dites de progrès, nous assistons à un mouvement inverse. Cet élan porte plusieurs noms et le premier qui vient en tête est le jeunisme, culte voué aux techniques visant à conserver un résidu de jeunesse physique, incluant le sport, la nourriture saine ou les apports esthétiques sans oublier la gymnastique du cerveau, lecture, culture, conférences qui tels des agrès pour la mémoire permettent de rester à niveau. Le jeunisme n’a donc pas cette connotation négative qu’on aimerait lui coller aux baskets, il serait plutôt une manière de rester en forme et de conserver au top un patrimoine qu’il ne faut pas gâcher.

Plus psychologique, l’adulescence, mot compte double, encourage le jeune à persister et reculer son entrée dans toute forme de maturité. Sa source prend à l’orée des 18 ans pour se prolonger parfois jusqu’à point d’heure et tend à garder un esprit marshmallow dans un monde de brutes. Les adulescents sont un peu les frangins des «kidults» anglais, qui eux conservent leur goût pour l’enfance et leur doudou à portée de main. Notion apparue en 1980, elle a été remise au goût du jour en 1990 en tant que tendance sociétale assumée, incluant le retour du cocooning et de la décoration pastel. Du pain béni pour le marketing qui s’est emparé du phénomène avec un enthousiasme intéressé développant des produits colorés, fruités, mignons et surtout ludiques!

Qu’importe l’âge pourvu qu’on soit bien dans ses sneakers comme dans ses charentaises. Je vous souhaite une année à venir quinquagéniale, sexagiga, septuagénéreuse voire octogéante!

 

Photo:  Austrian National Library via Unsplash