EMOIS n°6, novembre 1987

EMOIS

Lorsque j’étais jeune journaliste en apprentissage à l’Hebdo (magazine suisse édité à Lausanne), un mensuel européen artistique lancé par Jacques Pilet a vu le jour: EMOIS. J’y ai participé plusieurs mois avec deux créations, un texte érotique en une seule phrase « Le corps du délice » et une série de photos réalisée avec Patrick Lüscher «Strip-tease à l’envers» ainsi que des présentations sur les tendances du moment.
J’ai peu de nostalgie mais EMOIS fait partie des magazines que j’ai immensément regrettés.

Les couvertures eighties superflash, esthétiques en diable, divinement accrocheuses, (Roger Pfund, François Berthoux et tant d’autres), les sujets de haut intérêt, Elisabeth Badinter « Faut-il interdire les mères porteuses ? » ou Henri Alekan « De Cocteau à Wenders » (et tant d’autres) ainsi que les éditos sulfureux (sur la masturbation par exemple) de la non moins sulfureuse rédactrice en chef Nathalie Nath avec qui la vie se jouait à chaque seconde, sans oublier les magnifiques portfolio (je pense à Monique Jacot) ou les dizaines de sujets et artistes du moment qu’on pouvait découvrir dans un format digne de ce nom (23X29.5). Dans cet espace totalement ouvert, le rock en Tchécoslovaquie côtoyait les photos magnifiques de Christian Vogt, Mondino n’était jamais loin d’Anaïs Nin. J’arrête là en résumant ainsi: EMOIS a été un magazine d’exception, un des rares qui me donnerait envie de refaire du journalisme aujourd’hui.

Texte: Le corps du délice