L’esprit du docteur Faust plane dans l’art et nombreuses sont les histoires qui nous content les sirènes d’un éventuel rajeunissement. La beauté du diable, film de René Clair (1950), en est une belle démonstration. Mais le pacte avec le diable n’est de loin pas le seul moyen d’y accéder, d’autres films, moins nombreux, évoquent la jeunesse «provoquée», puis subie à la suite d’une action qui tourne mal.
Hibernatus, de Edouard Molinaro (1969), est un exemple de cet étrange retour en jeunesse qui se solde par un échec, car, en admettant que l’hibernation artificielle permette de conserver une fraîcheur physique, cela ne sert à rien dans l’absolu, puisqu’au final le vieillissement n’est que différé, ce qui fournit un prétexte rêvé pour créer un fouillis familial proche du burlesque.
Autre version, L’étrange vie de Benjamin Button, tirée d’une nouvelle écrite en 1922 par Scott Ftzgerald, voit le jour en 2010. Cette fois-ci, le film fantastique de David Fischer nous offre un rajeunissement inversé: un homme naît vieux mais immature intérieurement, avant de décliner mentalement dans un corps d’enfant. Abandonné sous un porche et récupéré par deux bonnes âmes, Benjamin le vieil homme-poupon va remonter le temps dans l’autre sens. Au final, une vie plus proche du tragique, puisqu’en perpétuel décalage.
On peut donc parler sans mauvais jeu de mot de décal’âge, car le but est d’être en phase.
L’excellent Big, avec Tom Hanks de Penny Marshall, démontre en deux heures combien le fantasme d’être le plus grand peut générer des situations dures à gérer, jusqu’à devenir un jeu dangereux. Idem pour Chérie je me sens rajeunir, de Howard Hawks (1952), léger et philosophe, qui montre les limites de la fameuse «formule» censée éliminer «les vieillards». Laissons le dernier mot à Cary Grant, l’acteur de ce chef-d’œuvre irrévérencieux: «On ne devient vieux que lorsqu’on oublie qu’on est jeune.»