Le rouge, puissant signal d’alarme à la fois symbolisé par les oiseaux porteurs de présages et le sang versé, est la couleur de fond de ce drame autour de l’argent dont l’action se déroule en Colombie, paradis des oiseaux et de la marijuana dans les années soixante-dix.

Drogue et dot, l’histoire débute par un commerce d’animaux et de colliers offert par Rapayet et accepté à contre-coeur alors que la tribu des Wayúu aurait préféré un homme plus noble pour leur fille Zaida.

Dans la poche de la matriarche Ursula, le talisman annonce l’orage…

Très vite l’honneur est bafoué, il faut réparer, mais on ne peut recoudre l’irréparable. Dans la balance, l’avidité des hommes l’emporte sur la sagesse des femmes.

Le sable et le vent constituent un décor nerveux qui accompagne les nombreux règlements de compte et la glissade irréversible vers le massacre final. Fusil et colliers, palace et cahute, naissances et tueries, tribu contre homme blanc, valeurs ancestrales contre argent immédiat, fusil à pompe contre mochila, ces sacs tissés par les femmes Wayúu que portent chaque membre et dont la poche symbolise la matrice et l’anse le cordon ombilical, tous ces opposés sont rassemblés avec maestria par le cinéaste colombien réalisateur de «L’étreinte du serpent». Les chevaux galopent, les sauterelles se catapultent dans les arbres, les ailes se déploient mais les hommes tombent à terre,
irrémédiablement vissés au sol, comme incapables de s’élever spirituellement. Seuls restent l’esprit féminin symbolisé par la petite fille et le héron connu pour sa grande capacité à rester debout…

Pájaros de verano, de Cristina Gallego et Ciro Guerra, 2018 (Colombie)