Arrive la période où l’on atteint l’âge de son père qu’on trouvait âgé quand on était enfant. Quarante ans. C’est à la fois le milieu de la vie, la fin des haricots et le début d’une traversée qu’on aimerait favorable. Encore en forme, même si la santé peut jouer des tours, on a acquis une expérience louable qui fait de nous des êtres aguerris. Par contre, qu’on le veuille ou non, qu’on s’évertue à rester reliés ou pas, on n’est plus dans le «game», et ceci depuis belle lurette.
Les anglais ont trouvé l’astuce pour nommer cette longue période d’une vingtaine d’années: le middle-age. Ni jeune ni vieux, bien au contraire, ni souple ni rhumatisant, pas usé mais juste utilisé, un peu rouillé mais toujours partant, encore alerte au niveau «Intelligent Technology» sans être non plus au sommet, le point de basculement est donc maintenant, avec dans les mains la possibilité de choisir sa route, vers le haut ou vers le bas, frustré ou enthousiaste, déçu ou optimiste, confiant ou désespéré, ou pourquoi pas, tout à la fois.
Quarante ans. Quand on sait que les statistiques de la fin du voyage tournent autour de quatre-vingts ans, on se retrouve au milieu du train avec à la poupe son lot de wagons chargés d’enclumes à traîner, tandis qu’à la proue ronronne sa locomotive encore fringante de belles années à venir.
On évoque «la cinquantaine» qui permet de rester vague, par pudeur on résume par «l’âge mûr» mais les chiffres sont là: entre quarante et soixante-cinq ans, période au-delà de l’âge adulte, avant le début de la vieillesse. Cela signifie que les personnalités nées en 1954 comme Annie Lennox, Plastic Bertrand ou Emir Kusturica sont des personnes âgées, tout comme Philippe Manœuvre ou Angela Merkel. Mais osons un parallèle! La traduction littérale de Middle Ages est aussi Moyen-âge, lequel est suivi de la Renaissance.
Photo: Annie Lennox, de la série Bare