Psychédélique avant l’heure, le peintre soleurois Cuno Amiet a été l’ami proche d’Hans Emmenegger. Ils ont échangé une correspondance fougueuse dans laquelle on peut voir combien l’esprit de sérieux d’Hans E, limite chromatosceptique, se heurte parfois à l’ouverture d’esprit de son total contemporain, ils sont tous deux nés fin 1880.

Ensemble ils parlent harmonie, ombres, effets, fond, lignes, petites taches, Cuno Amiet reproche à Hans E son esprit de charbon trop sombre, Hans se cabre devant la hardiesse chromatique de Cuno A. Passionnés, entiers, ils se prennent de bec mais ne renoncent jamais à s’écrire, Hans E débutant ses lettres par «Mein Lieber», Amiet signant: «Dein Amiet».

Cette amitié profonde et enrichissante permettra à Cuno Amiet de s’armer en matériel lorsque le 6 juin 1931, lors d’une gigantesque exposition dans le «Glaspalast» de Münich, le palais de glace est ravagé par un incendie. Ses cinquante et une œuvres exposées seront toutes détruites, tout comme certaines de Caspar David Friedrich. Là encore, alors qu’il est ruiné, c’est la générosité indéfectible de son ami qui lui permettra de continuer.

 

 


Cuno Amiet, Moonlit landscape, 1904


Hans Emmenegger, Eisenhut, 1911


Cuno Amiet, Prairie de pissenlits, 1903


Hans Emmenegger, Paysage avec pins

 


Cuno Amiet, Hügel (Colline)