Dans «Le Monde» du dimanche 5 mai, la chanteuse Chris annonce: «Je suis infiniment heureuse de vieillir… J’ai 30 ans et plus je vieillis, mieux ça va!… J’aime l’idée de mûrir et vieillir dans une industrie qui fétichise la jeunesse et sa «lisseur».

Le temps qui passe est une des grandes composantes, avec l’amour, de l’espace lyrique. Ils sont nombreux à avoir chanté l’âge tendre comme la finitude, moins nombreux à s’émerveiller des vertus dues à l’ancienneté. En regardant le clip de Catherine Ringer «Senior», la voir se contorsionner habilement nous prouve que le temps n’a pas d’emprise sur le moral et les projets. Elle est là Catherine avec sa tresse comme un serpent enroulé autour de son cou, belle et fraîche sur ses talons vertigineux. Faisant fi de l’immobilité, préférant le fauteuil cosy au tintebin, l’ensemble en soie orientale à la jupe rigide, la coiffure mutine plutôt que le chignon gris, elle se trémousse avec jubilation en distillant sa philosophie «Belle est la chance, D’aller jusqu’au bout du jeu, Entourée d’enfance, Tel est mon vœu, Le jeu avance, Mais senior, j’adore».

Même enthousiasme, même verdeur dans cette lignée de sensualité tardive chez MC Solaar qui vante dans «Sonotone» les mérites d’un retour à la vie et à ses pulsations. «Je veux le feu, la forme, avaler le printemps, recracher l’automne, parce que rien ne se perd et tout se transforme». Plus que jamais, la chanson se pose comme anxiolytique sans effets secondaires, si ce n’est un effet bénéfique. Outils philosophiques, les paroles s’occupent de l’âge avec délicatesse, sortes de coachs dont les conseils restent en tête. On s’en souvient, on les fredonne, elles nous accompagnent. Raison de plus pour terminer avec ces mots de Chris, la chanteuse trentenaire «La grâce ultime de vivre, c’est de tout embrasser».

Photographie tirée du compte Instagram de Baddie Winkle