Rares sont les spectacles qui parlent tant à notre corps qu’à notre âme. Avec CROWD, Gisèle Vienne nous convie à une fête païenne qui se démultiplie en de nombreux rayons. Celui du souvenir de la nuit, d’abord, simple party ou rave abyssale, dont on a tous l’impact encore au fond de notre mémoire. Celui du besoin de l’autre, ensuite, recherché ou repoussé, reniflé ou dédaigné.

Grâce à un subtil rythme des danseurs, le ralenti, rehaussé par des décibels technos vampirisants, la fête s’installe, à la fois tranquillement et à toute berzingue. Dès la première minute, nous sommes entamés par les décibels de remixes des années 90, le total «The Illuminator» de Underground Resistance ou «Acid Eiffel» de Choice, comme par la crudité de la lumière, un spot unique éblouissant.

 

 

Les décharges fonctionnent, le plexus charcuté au passage, en redemande.

Non, nous ne nous agiterons pas sur nos sièges, mêmes les danseurs resteront presque toujours dans cette lenteur qui restitue un présent décalé, ici et ailleurs, en contact avec la poésie des détritus et la matérialité de l’espace, «comme un état second» précise Gisèle Vienne.

 

 

La musique, les boissons extatiques consolident les deux piliers d’un rassemblement où les solitudes se rapprochent parfois, s’accrochent avant de repartir chacune vers son ailleurs, entre la fusion et l’impossibilité de rejoindre l’autre.

CROWD nous crucifie sur notre chaise dans une transe immobile, nous prenant d’un seul geste dans ses bras généreux. Et le temps d’un spectacle nous ne faisons qu’un.

Des danseurs sur scène pour le spectacle CROWD

Gisèle Vienne: Crowd (2017)
27, 28, 29 septembre 2018 au Théâtre de Vidy, Lausanne