Avec Black Mother, le photographe de la street et réalisateur de Field Niggas Khalik Allah choisit avec finesse et âpreté de raconter sa Jamaïque, son récit intérieur. Espace trouvé entre réalisme politique et cinéma halluciné (dixit Amar Ediriwira), ce film réalisé en trois ans est aussi torride qu’un accouchement et aussi frais qu’un jus de soursop.

Aucun lieu commun ou image attendue, on ne trouve dans Black Mother ni reggae prévisible, ni cliché sur les rastafari, ce film est une galerie de portraits humains dont les regards vous accompagnent, car ce film accompagne. Il n’est pas un documentaire géographico-culturel de plus, il est un long chant épidermique dont la bande-son désynchronisée invite en toute liberté à réinventer le réel dévoilé.

L’agitation des rues frottée à la douceur des incantations dédiées to the Lord, la crudité de certaines scènes s’entremêlant avec la douceur des fruits, tout ici n’est que beauté ou douleur sublimée en poésie, car personne n’oublie les souffrances ancestrales qui se lisent sur les visages spirituels. L’espoir est là, dans la nature cette perle rare mais aussi dans cette nature humaine luxuriante, mosaïque hallucinatoire de flammes, de pluie, d’anciens ou de bébés, de saints ou de prostituées.

Sortie officielle aujourd’hui au cinéma Bellevaux à Lausanne.