Une chanson douce d’Henri Salvador

Anatomie d’une chanson

Grâce aux questions savamment posées par David Golan, « Sur paroles » est une émission qui permet d’évoquer une chanson qui nous a marqués. J’ai choisi « Le loup, la biche et le chevalier », aussi appelée « Une chanson douce » d’Henri Salvador que me chantait ma grand-mère parisienne dans ma tendre enfance.

« Une chanson douce » est aussi une chanson double, non seulement parce qu’elle possède deux titres mais aussi pour ses doubles-sens dont le plus évident est cette ode à la protection qui cache un asservissement. Ce parcours tracé mène la petite fille qui suce son pouce dans les bras d’un chevalier et ceci sans transition. Détail surprenant : la biche se change en femme, la femme était donc animale avant de rentrer en contact avec l’homme qui lui permet de s’humaniser et de se réaliser, tandis que le chevalier apparaît déjà accompli sous forme humaine. Plus précis encore, l’homme est assis sur le cheval, donc détaché de l’animal et dominant, sans avoir à passer par la case métamorphose.

Douillettement installée dans le studio d’enregistrement, l’analyse s’est mutée en dissection pour constater que ce qui parle à l’enfant que j’étais s’est transformé en questionnement sans cesser d’être cette madeleine de Proust qui ne quittera pas ma mémoire. Comment passer de l’innocence enfantine à l’analyse critique sans se départir du fondamental : l’affectif.