Avec le temps, certains adages ne sont plus d’actualité et sentent la naphtaline. Prenons cette phrase toute faite: si jeunesse savait …
Mais jeunesse sait ? Avec l’information qui transpire vingt-quatre heures sur vingt-quatre par tous les pores des médias, et cela depuis leur plus jeune âge, les jeunes sont sous perfusion permanente de connaissances. Les youtubers, sous leurs allures d’amuseurs publics, deviennent des professeurs parallèles, grands frères canailles qui leur permettent d’accéder aux informations les plus sulfureuses. Sans omettre les réseaux sociaux électrisants dont même les anciens abusent malgré une adaptation parfois chevrotante. Ah si vieillesse pouvait…
Mais vieillesse peut ! Dans les années trente, l’espérance de vie était de soixante ans, l’âge actuel de la retraite où l’on pourrait dire que la vie commence. Grâce au progrès, les joies du repos et des loisirs retrouvés éclatent comme une deuxième vie libérée. Les seniors en forme organisent des voyages, courent les expositions, vont enfin au théâtre. Ils disent: « Nous n’avons pas une seconde à nous. » Ils prennent des charters pour le bout du monde, des abonnements de cinéma ou de spa, s’occupent de leurs petits-enfants avec joie. On pourrait dire que leur vie commence où celle de leurs ancêtres s’est arrêtée.
Paru dans Générations, avril 2018
Photographie: Gaëlle Magder, de la série Du bon usage de la vieillesse